Ca y est, j’ai franchi le pas.
Déjà avant de rentrer en France nous avions pris la décision de quitter notre merveilleux appartement en dehors du campus pour réintégrer celui-ci à la rentrée. Et bien c’est chose faite, enfin presque…
La décision n’a pas forcément été facile à prendre. C’est qu’ils risquent de me manquer tous : eau potable courante, radio dans la cabine de douche, et dolby surrond, sans compter sur cet espace de liberté sans avoir d’autres comptes à rendre qu’une enveloppe de billets tous les 3 mois à son propriétaire. Oui mais voilà, cette liberté avait un prix que je ne peux plus assumer… snif ;(
Heureusement pour moi, j’ai pu me rappeler au bon souvenir de l’administration de l’université pour leur faire part de mon souhait de retrouver une chambre sur le campus au titre de la bourse dont je jouis.
J’ai sûrement eu le nez creux en envoyant ma requête par email courant août dans un chinois quasi-parfait (hum… hum…), car quand nous sommes arrivées à l’administration de l’université la semaine dernière (moi un peu stressée car n’ayant pas eu de réponse au superbe email…) on nous a dit qu’il n’y avait pas de problème, que nous allions bien avoir chacune une chambre (ouf !) dans le bâtiment 8 des étrangers (quoi ?!). Et oui, le bâtiment 10 réservés aux étudiants étrangers de niveau master qui nous était déjà refusé l’an dernier (étudiantes en chinois intensif, nous n’étions pas encore considérées comme des masters) ne dispose pas de chambres disponibles pour le moment (argh, peut-être aurais-je dû envoyer le superbe email courant juillet ?).
“Mais il s’agit d’une solution temporaire.” nous dit-on, “on vous avertira dès qu’une chambre sera disponible dans le bâtiment 10″. En attendant, nous aurons chacune une chambre dans le bâtiment 8, qui n’offre pourtant que des chambres doubles à notre connaissance. “Elles sont très spacieuses, vous verrez !”, bah oui on s’en doute… “Si, si, vous serez au premier étage” (= rez-de-chaussée en Chine, la numérotation commence à 1 au RDC), et là… c’est le drame…
AAAAAAAAAAARGH, non, PAS LE 1ER ETAGE !
Ceci est un conseil à toute personne aménageant en Chine : n ‘acceptez jamais d’appartement situé au 1er étage sans le visiter au préalable.
Vous allez comprendre pourquoi…
Depuis mardi dernier donc, je commence à déménager mes quelques affaires vers mon nouveau lieu de résidence.
Certes, outre le loyer que je ne sentirai plus passer tous les mois, vivre sur le campus, notamment en tant qu’étranger, présente quelques menus avantages.
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Déjà relativement confortables pour 2 personnes, les chambres doubles sont plus que supportables à se partager pour soi tout seul !
C’en est presque à se sentir gêné vis-à-vis des étudiants chinois qui ne peuvent espérer obtenir une chambre individuelle qu’une fois en doctorat (4 par chambre en bachelor, 2 en master, 1 en doctorat).
Du coup, je me retrouve avec un double-lit (association ingénieuse de 2 lits dissociés de base) ce qui va me permettre de rentabiliser toute la surface des couettes que j’ai achetées l’an dernier, youhou |
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De même le bureau voit double !
Je vais donc pouvoir aménager un espace dédié à ma babasse flambant neuf tout en laissant un petit coin où je pourrai à l’occasion travailler un peu
Idem pour les placards.
Ca tombe bien, depuis l’an dernier j’ai accumulé 2, 3 babioles…
Je pourrai profiter de la salle de bain privée autant de temps que je le voudrai, surtout que je ne paie pas l’eau |
Bon bien sûr il n’y a toujours qu’une TV , qu’un téléphone et qu’un frigo, mais même là je suis bien servie car j’ai mon mini-frigo Haier tout neuf !
D’autant plus qu’ils l’ont choisi économique en énergie consommée, ce qui est bien, d’abord pour la Planète, et pour mon porte-feuille car je paierai l’électricité au-delà d’une certaine consommation.
Ajoutons à cela le service de laverie juste sur mon palier, le petit jardin à l’entrée, le parking à vélos réservé au bâtiment, la navette gratuite du campus qui s’arrête juste à la porte, et la boîte aux lettres vivante qui vous appelle si vous avez du courrier, que des points positifs, n’est-ce pas ?

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Et bien non, justement, je n’oublie pas pourquoi j’avais fait le chemin en sens inverse en novembre dernier…

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Tout d’abord, la permission de minuit…
Pour peu qu’on revienne du centre ville (mini 1 heure de trajet) d’une soirée sympa, on s’oppose au risque de trouver porte close après minuit. Pour réintégrer sa chambre, pas d’autre moyen que de sonner, ce qui réveillera la Ayi (nom donné aux femmes de services) de garde. Une fois passera, 2 fois passera, 3 fois… bonjour les dégâts ! |
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Deuxièmement, la sécurité à la limite de la paranoïa…
Pas le droit d’héberger qui que ce soit, et tout visiteur devra montrer patte blanche à l’entrée.
Je me souviens encore des premiers congés que nous avions pris en octobre dernier : il nous avait fallu donner nos numéros de portable, notre destination et notre date de retour, à l’accueil du bâtiment, au moment même où nous en sortions affublées de nos sacs de voyage.
De même, les Ayi ne se gênaient pas pour aller voir où en était l’avancée de notre déménagement l’an dernier. “Ah au fait, vous regarderez, vous avez laissé quelque chose dans le tiroir en bas”, bah vous gênez pas pour fouiller dans mes affaires en plus !
Récemment, ils sont mêmes passés au cran supérieur en installant 2 caméras à chaque étage ! |
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Il faut dire que jusque là, ça restait possible de déjouer la vigilance de nos gardiennes à l’aide de sourires mêmes pas forcés, d’opportunisme quand l’ayi est absorbée par une quelconque activité, ou de solides bras et jambes pour escalader la façade
Enfin là pour le coup, avec les caméras, ça devient tendu…
Autant de points négatifs qui viennent largement contrebalancer les positifs. Au moins, à être dans le bâtiment 8, on gagne une heure de couvre-feu sur le 10 ce qui est déjà énorme Et oui, dans le 10, ce qui nous attend c’est le bâtiment pour filles, qui, à ce titre, ferme à 23h… |
N’empêche, même si je dois ruser avec les ayi pour rentrer un peu plus tard, si je dois perdre mon lit kingsize et mon bureau présidentiel, je crois bien que dès qu’on me proposera le bâtiment 10, j’irai sans plus attendre ! Pourquoi ? Parce que tant que je serai au 1er étage du bâtiment 8, je vivrai tous les jours avec ça :
Il se trouve que dans quasiment tous les immeubles, le 1er étage (et parfois quelqu’uns au-dessus aussi) n’a que des fenêtres à barreaux comme celle-ci ! Géniale la vue au réveil :\
Je vous assure pourtant je n’ai rien fait de mal 
Mais là je vous avoue que ces barreaux en plus du reste, il ne me manque plus que le pyjama rayé et je me crois définitivement en prison !
Je n’ai plus qu’à échaffauder des plans machiavéliques pour me défaire de cette surveillance un peu extrême. Le 1er c’était l’idéal pour pouvoir rentrer tard sans réveiller personne, mais avec les barreaux c’est fichu.
J’ai bien pensé à escalader jusqu’au 2e et redescendre en catimini, mais ça fait 4 caméras à maîtriser.
J’ai songé aussi à scier légèrement 1 ou 2 barreaux que je n’aurai plus qu’à escamoter pour entrer et sortir à ma guise.
A moins que la meilleure solution ne soit qu’on m’envoie des douceurs de France, chocolat Côte d’Or par exemple ;), afin que je puisse soudoyer les ayi contre un oubli malencontreux de fermeture de la porte de service.
Enfin, vous comprenez mon problème maintenant, et aussi le conseil que je vous donnais plus haut 
Sans compter que je ne pourrai probablement pas avoir l’ADSL dans ma chambre avant fin septembre !Privée comme je le serai de toute liberté physique et internetique, il est bien normal que je prenne mon temps pour déménager et que je profite de mes derniers instants dans notre appartement.
Bientôt je n’aurai plus pour me consoler que mon lit kingsize,… et le chocolat et les oranges que vous m’aurez envoyés